LES SIGNES GRAPHIQUES

En s’emparant des mêmes causes pour leur donner une traduction visuelle, les artistes produisent, transmettent et revisitent des signes graphiques qui se répandent à travers le monde : le poing levé appelle à l'engagement et à la révolte ; le globe terrestre dit le souhait d’un meilleur sort pour l’humanité ; la colombe dit la paix.

DU PAYS AU CONTINENT

Des terres bretonnes à l'ensemble du globe terrestre, le continent ou pays - stylisé mais bien identifiable - ancre en toute simplicité le propos de l'affiche dans un lieu et un contexte. La représentation de l'Amérique latine dénonce en creux les atteintes aux droits de l'Homme/ les dictatures qui y sévissent, tandis que les Etats-Unis se transforment en prison. Réunis, les continents de Fañch Le Henaff disent un idéal et un engagement pour la paix, tandis que l'affiche des Transmusicales joue avec les codes de la cartographie pour laisser apparaitre sous les contours de la Bretagne une espèce préhistorique.

LES PORTRAITS

De la représentation symbolique à la figuration, le portrait devient logo. Certaines affiches cubaines mettent en avant des figures héroïques qui légitiment la révolution castriste (Lénine, Hô Chi Minh ou le Che) et deviennent de véritables emblèmes. À l'inverse, les affichistes n'hésitent pas à se jouer de figures connues en les détournant, Nixon se métamorphose en vampire, tandis que Pasqua est affublé de lunettes qui, dans le contexte des années 1970, ne sont pas sans rappeler la figure de Pinochet.

LE POING LEVÉ

En Allemagne, en réponse au salut bras tendu hitlérien, le poing levé devient l'emblème de la lutte antifasciste. Des manifestations communistes des années 1930 aux poings levés des Blacks Panters en 1968, le poing levé s'impose massivement comme symbole de révolte. Les ateliers des Beaux-Arts de Paris reprennent ce symbole en mai 1968 en soutien aux grèves populaires. Du Vietnam à l'Amérique latine, en passant par la Bretagne, la posture du poing serré appelle à résister, et à agir. En 2020, il reste d'actualité comme l'un des signes de ralliement du mouvement "Black lives matter".

LA COLOMBE

La colombe comme symbole de paix trouve son origine dans la Bible, où elle annonce à Noé la fin du Déluge. Dans le contexte de la guerre froide et des grandes marches pour la paix, le désarmement et l'égalité, les graphistes du 20e siècle reprennent cette figure : la colombe de Picasso de Seymour Chwast unit la diversité des manifestants, les mains de Milton Glaser "travaillent" pour la paix, tandis que l'oiseau est associé au continent sud-américain dans les affiches cubaines, symbole de l'union des pays non-alignés pour un monde pacifié.

L'ARME, LE REVOLVER

Dénonciation d'un pouvoir politique ou militaire qui fait usage de la force à l'égard d'un pays ou de sa population, la représentation graphique de l'arme dit aussi la révolte et le combat contre l'impérialisme. Dans les affiches contre la guerre du Vietnam, le guérillero est ainsi souvent représenté dans une posture offensive, arme à la main.

QUAND LE TEXTE FAIT IMAGE

Avec mai 1968, les affiches renouent avec leur fonction première : placardée, l'affiche est un moyen rapide de diffusion de l'information et de la lutte. Le graphisme dépouillé de tout artifice vise à l'efficacité, et le slogan devient central. Les lettres deviennent des symboles : la typographie du mot manuscrit rouge dit la véritable colère, les noms des prisonniers bretons par dizaines incarnent la réalité des individus derrière les barreaux, tandis que les 3 mots "répression, sélection, racisme" entachent la devise française.

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Scénographie :

Pierre Verger, scénographe architecte

Stéphanie Vaillat, graphiste

Ateliers de l'éclairage

 Sas immersifs, créés en collaboration avec la société rennaise JPL Films et le réalisateur Pierre-François Lebrun.

Crédits images :

Visuel de l'exposition - Anthony Folliard - les Ateliers du bourg